din Mircea V. Ciobanu

(primele mele traduceri, trecute şi pe sub ochii lui P)

L’oeil au ciel

j’attendais le prince charmant (désormais p.c.) ou
un autre pour le baptiser mais l’épiphanie arrivait et je
gardais mes sources intactes j’attendais les
sans-nom (désormais ils ne porteront pas
de nom) j’attendais ceux qui me
crieront de la fontaine que c’est bien quelle fraîcheur quelle fontaine quelles
étoiles voit-on par le télescope naturel mes murs
s’éffondraient je m’enlisais dans l’attente dans
le néant dans le sans-nom je gardais en vain l’église-
la tour-la fontaine-le miroir où même la fille du conte ne
venait pas ouvrir la voie vers l’alter
mundus je devenais impatient et j’attendais
je tournais plus vite le cadran de mon horloge solaire et je
renversais mon sablier à moitié vide mais je ne
savais pas comment les appelle-t-on et je ne savais pas comment je m’appelle
puisque personne ne m’apelait et je voulais dire que ce n’était pas moi
la lumière que je voulais seulement témoigner de la lumière mais je n’
avais pas à qui dire de celles-ci et hélas je n’avais pas
donné de nom à la lumière j’attendais donner un nom à quelqu’un
qu’il me jure ensuite sur son épée qu’il porterait
son nom fidèlement j’essayais de prononçer le nom mais je n’étais pas
descendu moi non plus dans la fontaine j’attendais
venir quelqu’un pour confirmer que ce texte a été
que voici le papier se termine et personne
ne se montre encore près de cette fontaine

alors p.c. serait probablement venu puisqu’
il ne vient plus

Remise

... ... ... et puis tous les mots se sont retirés
se sont avalés (à sec) les uns
les autres... en hoquetant...

***
prèmierement, ils se sont vidés-creusés, quand
les sens et les significations les ont quittés (oh, ici c’est
toute une histoire!).

personne ne se souvient plus qui était le poète
à l’envers, c’est-à-dire le „libérateur”.
ils se souviennent seulement comment,
en se levant, en se dépliant (leur dignité se dressait!), ils se sont secoués
de tous les mots...

et alors tous les sens sont allés, comme cela, ahuris
dans des tavernes, comme les tsiganes libérés d’Alecsandri:

dans la première gargote ils ont trinqué pour la „libération”;
dans la seconde pour le poète „libérateur”
(même si celui-ci les a déliés par ennui),
puis pour l’idée „libératrice en soi”...
à la taverne suivante les sens
évoluaient – c’était déjà l’affranchissement total
généreux ils ont voulu boire aussi pour
les mots dont ils ont évadés
mais ils ne se souvenaient plus comment les appelaient-ils,
ne les connaissaient plus.
ils les ont bus complètement.

le lendemain, gueule de bois, les sens
ont commencé à luire
mais très lentement: une petite ampoule, puis une autre,
s’allumaient, trrès doulourrrreusement!

quelque chose démarrait en eux, commençait à prendre du sens
„cela s’appelle remise”, disaient-ils, d’un air
connaisseur et trrrès patiemment-compréhensivement

ils se sont retrouvés, à la fin, après la remise et... le vidage d’une eau de vie prophylactique
ils se sont rétrouvés dans des mots très alléatoires et trrrrrrès approximatifs.

au bout de la nuit ils étaient devenus des jurons.

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